lundi 21 novembre 2011

Apéritif au gasoil

Au milieu de la nuit, nous recevons un nouvel appel d’Ann’Julie pour nous apprendre que leurs moteurs recommencent à caler régulièrement. Nous sentons le stress et l’angoisse dans les voix de Bertrand et de Sophie. Nous ralentissons pour rester en vue. Tant qu’il ne fait pas jour, le mieux est qu’ils essaient de faire tourner toujours un moteur, même si c’est au ralenti.
Je ne comprends pas pourquoi il y a toujours des problèmes alors que les filtres du décanteur ont été changés. Une piste probable est que ce qui bouche soit en amont du décanteur, dans la tige d’aspiration qui plonge dans le réservoir. Un des moyens de la déboucher est de défaire la durit qui arrive au décanteur et de souffler dedans. J’en discute avec Bertrand qui me confirme que son ami Patrick a la même analyse. Il ne reste plus qu’à tenter l’opération dès que le jour sera levé.
A six heure du matin, les enfants sont réveillés et nous prenons le petit déjeuner une demi-heure plus tard, « à la fraîche ».
Tout le monde à la cuisine pour préparer la salade du déjeuner!

Une fois le soleil levé, Bertrand s’exécute mais n’arrive pas à enlever les durits. Nous réfléchissons à un autre moyen de déboucher la tige d’aspiration, mais nous ne trouvons rien de probant. Il faut absolument réussir à enlever ces durits. Sophie et Bertrand continuent à avancer à allure réduite sur un moteur en tentant de défaire la durit du moteur arrêté, quand le second moteur s’arrête. L’appel VHF qui s’ensuit révèle un haut niveau de stress. Nous affalons les voiles et nous déroutons vers eux, en leur demandant de faire route au mieux vers nous, en fonction du vent. La mer étant belle, je devrai pouvoir mettre l’annexe à l’eau et rejoindre le bord d’Ann’Julie une fois que nous en serons proches.

Nous rejoignons Ann’Julie, qui dérive doucement, porté par le courant… en sens inverse de notre destination. Contrairement aux usages, c’est le capitaine de Kakao qui abandonne en premier le navire, laissant à Céline cette place tant convoitée par tout membre d’équipage. Arrivée sur Ann’Julie, je règle tout d’abord les voiles pour faire repartir le bateau et lui faire gagner un peu sur notre route pendant que Bertrand continue à bricoler dans la cale moteur. Au moment où le bateau repart, Bertrand réussit à défaire la durit tribord. Nous arrivons à souffler dedans et à faire repartir le moteur. J’avale au passage une bonne gorgée de gasoil. Je préfère définitivement le Ti’punch… J’arrive ensuite à défaire la deuxième durit et à souffler dedans, cette fois-ci sans goûter au délicieux breuvage des réservoirs d’Ann’Julie. Nous poussons un peu le régime des moteurs et j’attends un peu pour vérifier qu’ils tournent bien. A présent, les durits ont été défaites une première fois et Bertrand connaît la marche à suivre en cas de nouveau calage d’un moteur. Arrivés sur Grenade ou au plus tard en Martinique, il faudra offrir à Ann’Julie un bon nettoyage de réservoirs pour que la monture des Coquelet continue à rugir.
Les moteurs d'Ann'Julie tournent tellement bien
que le bateau se cabre au démarrage!

Je retourne sur Kakao détrôner Céline. Ai-je senti une hésitation au moment d’attraper l’amarre de l’annexe? Non, c’est sûrement mon imagination et l’assurance-vie de 500 millions contractée avant notre départ ne peut pas suffire à la motiver pour m’abandonner en annexe en pleine mer…
Nous hissons les voiles et reprenons notre route. Julien fait l’école mais sa maîtresse est fatiguée. Pendant ce temps, Elise joue la maîtresse pour Clément et lui donne des devoirs. Pour le goûter, Céline a préparé une nouvelle surprise en faisant des pancakes (merci Anne-Sophie pour la poudre de pancake) que nous avons même le plaisir de pouvoir napper de Nutella.


En bon marin, on travaille tous les jours les noeuds

En fin de journée, nous nous préparons à passer, au moins en partie, une troisième nuit en navigation. Nous sentons la fatigue s’accumuler, mais nous avons aperçu Grenade au loin avant le coucher du soleil, donc nous gardons espoir!

Nous arrivons à une heure du matin dans la baie de Saint-George’s. Nous connaissons cette baie, mais il est difficile de trouver ses repères de nuit. De plus, certains bateaux ne mettent pas leur feu de mouillage et il est vraiment difficile de les apercevoir par ces nuits sans lune. Nous mouillons à bonne distance des derniers bateaux et sombrons rapidement dans un sommeil bien mérité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire