lundi 31 octobre 2011

Triste nouvelle

Le responsable de la Guardacostas vient nous voir comme convenu. Il monte à bord de Kakao alors que Bertrand et Patrick sont justement présents. Il nous indique nous faire une faveur en nous permettant de rester deux semaines (la durée habituelle indiquée dans les guides) alors que nous n'avons pas fait la clearance sur le continent. Les Roques étant un parc, un droit d'entrée est à payer.
Il calcule le prix de notre séjour sur une feuille de papier et nous demande environ 1700 bolivars par bateau. Nous n'avons pas de bolivars pour l'instant. Il insiste pour se faire payer en dollars, soit environ 400 dollars. C'est plus que nos réserves et il accepte, après un coup de téléphone à un ami qui devait connaître le change, de se faire payer en euro au change officiel. Il nous rapporte ensuite une facture officielle avec le montant payé en bolivars. Nous comprenons qu’il gagne en fait de l'argent sur le change. En effet, le change courant est bien supérieur au change officiel et pour un euro ce n'est pas six mais dix, quinze voire vingt bolivars qu'il est possible d'obtenir.


En parallèle nous avons prévenu Xavier et Anne-Sophie des événements et ils sont retournés à l'ambassade du Venezuela pour vérifier s'il ne faut pas faire des visas pour l'ensemble de l'équipage. L'ambassadeur confirme bien qu'il n'est pas nécessaire d'avoir une clearance pour aller dans les îles Vénézuéliennes, mais seulement pour se rendre sur le continent. Il n'y a donc a priori aucune "faveur" qui nous a été faite et nous aurions pu rester sans avoir à payer le droit d'entrée en euro... Mais l'essentiel est que nous puissions rester pour visiter ce bel archipel des Roques en y restant quelques jours.


En début d'après-midi, un mail du père de Céline nous apprend le décès de son père. Céline était très proche de son grand-père et la nouvelle l'affecte beaucoup. C'est un des événements qu'elle redoutait en partant pour cette année sabbatique car à 91 ans, il y avait bien entendu des risques que sa santé se dégrade ou qu'il décède. Julien a déjà été confronté à un décès; il avait trois ans quand son grand-père paternel est décédé. Pour Elise et Clément, c'est la première fois qu'un membre proche de la famille décède. Il faut leur expliquer.


Nous devions accompagner Ann'Julie pour aller découvrir une autre île mais restons sur place afin d'être proche d'Internet et de pouvoir communiquer facilement avec les parents de Céline.

dimanche 30 octobre 2011

Le Saint-Trop' du Venezuela

Après une nuit réparatrice, nous profitons pleinement de la beauté du paysage qui nous entoure. En début d'après-midi, nous allons demander au responsable de la Guardacostas que nous avons rencontré la veille si nous pouvons nous déplacer pour aller mouiller un peu plus loin, afin que les enfants puissent se baigner. Là où nous sommes, l'eau est claire et propre mais il y a beaucoup de courant et de nombreux bateaux à moteur qui passent assez vite. Nous avons l'autorisation et nous rendons donc après dix minutes de navigation sur la belle plage de l'île d'en face.
Clément ne peut toujours pas se baigner à cause de son impétigo et profite de la plage pour jouer avec pelle et seau.
Tous à l'eau...

...ou presque.


Nous commençons à observer un peu les gens qui nous entourent et nous nous rendons compte que la plupart semblent être des touristes Vénézuéliens. Cet archipel des Roques semble assez touristique et nous voyons nombre de couples probablement en lune de miel.




Nous allons nous promener le long de la plage et passons sur l'île d'à côté en marchant sur une petite langue de sable de 50 mètres de long recouverte de vingt centimètres d'eau.




Cette nouvelle île est visiblement celle où les pêcheurs du coin sont rassemblés. Ceux-ci sont, comme partout, en train de confectionner les casiers à langoustes.


Après une bonne baignade, nous retournons à notre précédent mouillage et sortons dîner sur la terrasse d'un beau restaurant. Le service est de qualité et la nourriture excellente.



Tout le monde nous a dit que les restaurants Vénézuéliens étaient très peu chers. La note dément quelque peu cette assertion car les prix sont similaires à ce que nous pouvons trouver en France. Le restaurant accepte que nous payions en euros, avec un change d'un euro pour dix bolivars, ce qui est inférieur au change obtenu par Patrick lors de son passage à Caracas sur le trajet aller. En vérifiant sur Internet, le change officiel est d'un euro pour six bolivars. Il va falloir faire la lumière sur la valeur réelle de la monnaie locale si nous ne voulons pas nous faire avoir...

samedi 29 octobre 2011

Le calme après la tempête

Au lever du jour, je mets une ligne à l’eau et j’ai une prise au bout d’un petit quart d’heure. Une demi-heure sera nécessaire pour réussir à remonter à bord une belle dorade coryphène de 90 centimètres pesant 8 kilogrammes.


Nous changeons de bord pour nous diriger sur la passe sud des Roques que nous atteignons vers 11 heures. A l’intérieur de l’archipel, la barrière de corail protège des vagues et nous finissons jusqu’au mouillage de l’île principale par une navigation tranquille, avec de superbes couleurs d’eau et avec pour seule contrainte d’éviter hauts fonds et patates de corail.
Cela change de la nuit que nous venons de passer...


Nous arrivons au mouillage après près de 23 heures de navigation et plus de 150 miles parcourus!
Un paquebot est ancré devant Grande Roque

Après un déjeuner bien mérité, nous allons à terre faire les formalités d’entrée. La première étape est d’aller voir la Guardacostas. Nous apprenons alors qu’au lieu des deux semaines ou plus que nous espérions, le responsable ne nous accorde que deux jours car nous ne sommes pas passés par un port principal pour faire notre clearance. Le visa que nous avons eu à l’ambassade ne l’émeut pas du tout. Il est censé voir avec son responsable et venir lundi matin à bord du bateau pour voir s’il est possible de s’arranger. Cela sent le bakchich à plein nez… Nous verrons bien lundi.
Nous allons ensuite faire tamponner notre fiche d’entrée par la Guardia, puis enfin par les responsables du parc à l’aéroport. En effet, l’île principale des Roques est équipée d’un petit aéroport qui vaut le détour. Une guérite sur pilotis fait office de tour de contrôle, une cabane en bois sert de guichet d’embarquement et la salle d’attente est tout simplement la plage!


Les guichets d'enregistrement

La salle d'embarquement

La salle d'attente

Le petit village a l’air assez touristique et les boutiques de souvenirs se partagent le devant de la scène avec les bars et restaurants. Quelques magnifiques « posadas » (auberges) semblent habituées à une clientèle aisée.











Nous nous arrêtons à un bar installé sur la plage pour offrir aux deux équipages des jus de fruits pressés bien mérités.

vendredi 28 octobre 2011

Une vraie nuit de marin

Ce matin, nous nous équipons pour aller marcher un peu dans l’île : pantalon, chaussettes et chaussures.
Comment fait-on les lacets, déjà?





En effet, il y a beaucoup de cactus et de plantes piquantes. Lors de notre première incursion un peu à l’intérieur des terres, nos tongs nous avaient semblé légères contre tous ces pics.



Cela fait près de trois mois que nous n’avons pas mise une paire de chaussures. Ca serre les pieds ! Nous partons à la recherche des principaux habitants de l’île : des ânes et des iguanes. Nous apercevons au loin trois ânes qui fuient dès qu’ils nous voient.


Nous n’arrivons pas à approcher à moins d’une cinquantaine de mètres d’eux, mais nous voyons un troupeau d’une vingtaine de têtes partir au grand galop. Nous cherchons des iguanes dans les arbustes, mais nous n’en voyons pas un seul. Ils sont trop bien cachés ou ce n’est pas leur coin. Au retour de la ballade, nous allons nous baigner.






Après le déjeuner, nous partons directement pour une grosse navigation de 116 miles (en ligne directe) jusqu’à l’archipel des Roques. Si tout va bien, nous devrions y être le lendemain matin. Dès que nous nous sommes éloignés de la Blanquilla, la mer se forme un peu avec deux mètres de creux. Le vent est établi entre 20 et 25 nœuds, pile dans notre arrière. Il n’est malheureusement pas possible de faire la route directe car le risque d’empannage serait trop grand. Nous devons donc tirer des bords. Kakao bouge un peu, mais les enfants arrivent à faire la classe.
Oh, les beaux ciseaux!

Ca bouge un peu pour Ann'Julie....


En fin d’après-midi, nous prenons un ris à la grand voile, cinq tours au génois et changeons de bord pour la nuit. Une fois la nuit tombée, le vent s’établit à 25 nœuds, avec des rafales à 30 nœuds, et la mer se forme un peu plus pour atteindre des creux de trois bon mètres. Kakao danse bien dans les vagues et commence à taper. Les enfants ne semblent pas dérangés et dorment apparemment sereinement.
C’est le noir complet rapidement car un minuscule premier croissant de lune fait son apparition à l’horizon pendant une heure, puis disparaît. Certaines vagues doivent dépasser les quatre mètres car debout au poste de barre qui doit être situé à un bon mètre cinquante au dessus de l’eau, je vois les vagues déferler à quelques mètres derrière moi bien au-dessus du niveau de ma tête. C’est assez impressionnant et stressant car le bateau va vite dans les surfs. Nous atteignons 13,5 nœuds ! C’est comme la foire du Trône, mais avec un ticket spécial pour toute la nuit…


A un moment, j’entends de forts claquements à l’arrière et sur le côté du bateau. Je prends une lampe et aperçoit alors deux dauphins qui jouent avec le bateau et font des sauts impressionnants. Ils n’ont pas trop l’air trop stressés, eux!


Le vent tombe seulement à partir de 3 heures du matin entre 15 et 20 nœuds, jusqu’au lever du jour.

jeudi 27 octobre 2011

L’harmonie familiale

Nous passons une journée tranquille entre école, rangement, ménage, baignade et châteaux de sable. La journée est agréable à tous les égards, avec une certaine harmonie qui se dégage de notre petite famille.




Je vous rassure, nous n’avons pas sombré corps et âmes dans le merveilleux monde des Bisounours, mais depuis quelques semaines, certaines heures se passent parfois en douceur et sans énervement. Les parents signifient leur désaccord sans cris, les enfants arrivent à passer du temps ensemble sans chamaillerie et chacun semble prendre plaisir à être là où il est. C’était assez rare avant notre départ et devient à présent plus récurrent.
Activité lecture en famille...

...pendant que d'autres préparent un bon repas




Nous avons noté en particulier une amélioration sensible chez Julien, qui a beaucoup mûri. Il n’est bien évidemment pas exempt de tout reproche et a encore des passages avec un comportement assez énervant vis-à-vis de nous ou de son frère et de sa sœur. Mais globalement, il a réellement pris le rôle de l’aîné et tient un vrai rôle de matelot sur le bateau. Il sait tout faire concernant l’annexe : la mettre à l’eau, mettre le coupe-circuit, démarrer le moteur, la conduire tout seul, l’amarrer et la remonter sur les bossoirs. Il participe de plus en plus aux manœuvres du bord. Il sait être au guindeau pour mettre l’ancre ou la remonter, lover les cordages, hisser et affaler la grand voile, faire les principaux nœuds marins ou encore choquer ou border les écoutes. Il connaît et sait reconnaître une grande partie des poissons coralliens que nous rencontrons. Ses discussions de pêcheur aguerri avec Enzo, Elysée ou Patrick nous font sourire.
Elise essaye de suivre l’exemple de son frère. Elle sait amarrer ou conduire l’annexe et s’occuper du guindeau.
Clément est très demandeur aussi, mais nous devons freiner ses ardeurs, en particulier pour faire et défaire toutes sortes de nœuds avec les cordages du bord…
Le soir, nous admirons une fois de plus un magnifique coucher de soleil.