mercredi 30 novembre 2011

Pharmacie de bord

Ce matin, Céline va avec Clément chez le médecin. L’objectif est de vérifier si tout va bien après le traitement contre l’impétigo que nous avons dû lui administrer au Venezuela. Nous avons dû lui donner deux antibiotiques différents pour en venir à bout.
Quelques temps auparavant, Julien et Elise avaient dû aussi passer par un traitement aux antibiotiques. Chacun d’eux n’avait pris qu’une ou deux fois des antibiotiques dans leur vie (à part Ju avant ses deux ans) et en quelques mois les trois y sont passés! Mais il est vrai qu’en voyage, éloignés d’un corps médical et d’une gestion de la santé dont nous avons l’habitude, nous préférons ne pas prendre le risque de voir dégénérer une maladie bénigne en cas plus grave à traiter en urgence.


Cette visite chez le médecin a aussi pour but de remettre à niveau notre pharmacie qui a tout de même bien servi pendant ces premiers mois. Heureusement, nous n’avons eu à déplorer aucune blessure ou maladie grave et c’est surtout des antiseptiques et des antibiotiques dont nous avons besoin.


Une maladie ou blessure grave est le risque principal que nous courons en voyageant dans des pays moins équipés du point de vue de la santé ou encore plus pendant les quelques traversées que faisons. Ce ne sont pas des transatlantiques, mais certaines blessures ou maladies ne peuvent pas attendre 24 heures pour être prises en compte. Cela explique donc pourquoi la préparation et la gestion de la pharmacie pour un tel voyage fait l’objet d’une attention particulière.


Pendant que Céline et Clément sont chez le médecin, Elise et Julien font leur travail scolaire sur le bateau et j’aide Raymond, un des techniciens du loueur, à mettre un nouveau trampoline sur le bateau. A midi, Céline est rentrée, le travail scolaire est (presque) fait et Kakao est paré d’un nouveau trampoline. Mais personne n’ayant pu s’occuper du repas, nous emmenons les enfants au restaurant. Nous leur avions promis depuis notre arrivée au Marin que nous irions manger tous les cinq et ils nous le rappellent plusieurs fois par jour…

Avec une dent en moins, il ne lui reste plus qu'à manger à la paille!

Il paraît qu'il ressemble à sa mère...



La preuve que la Normandie rayonne dans le monde entier!
Coucher de soleil sur la forêt de mâts du Marin

mardi 29 novembre 2011

La transformation de Clément

Grande nouvelle pour Clément, qui vient de passer sa première nuit sans couches et avec des draps secs le matin! C’est encourageant car si nous arrivons à éviter de le faire dormir dans le carré quand il y aura du monde sur le bateau, cela simplifiera bien les choses…
Les travaux continuent et avancent bien. L’essentiel est presque terminé et plus de la moitié de la liste est effectuée ou en cours.
Je vais le matin avec Clément à la Poste du Marin pour essayer de voir s’il est possible de faire une procuration à notre amie Corinne pour qu’elle puisse récupérer nos recommandés. En effet, nous avons laisser une lettre manuscrite avec la photocopie de nos cartes d’identités, mais visiblement la procédure est plus complexe et nous devons nous déplacer en personne à notre bureau de poste, ce qui est bien évidemment compliqué…
Je peux, au cours de cette promenade, constater le changement qui s’est opéré en quelques mois chez Clément. Il avait une sérieuse tendance à s’enfermer dans un mutisme dès qu’un inconnu lui adressait la parole, voire parfois un ami ou un membre de la famille que nous n’avions pas vu depuis quelques temps. A présent, il dit salut à qui mieux-mieux en trois langues et engage la conversation avec n’importe quel passant. Lors de notre retour vers le port, alors qu’il marche vingt mètres devant moi, je le retrouve en conversation avec une femme, lui expliquant qu’elle a le même sac-à-dos que nous…
Eric, notre loueur, a aussi trouvé nos enfants plus épanouis et assurés en quelques mois. Nous verrons quand nos proches nous auront rendu visite s’ils constatent d’autres changements que le bronzage et la prise de centimètres.
Le port du Marin


Spéciale dédicace à Alex...

lundi 28 novembre 2011

Projet: travaux

Ce matin, les travaux commencent sérieusement! Nous avons fait une liste de deux pages de choses à faire sur le bateau, avec des priorités pour chaque tâche. Je ne suis pas allé jusqu’à faire le planning, de peur d’avoir l’impression d’être au boulot…
C'est deux à trois personnes qui sont parfois en même temps sur Kakao à travailler et il n’est pas toujours facile de faire école dans ce contexte car les distractions sont nombreuses et la concentration plus compliquée à conserver.
Une des principales choses à faire était la réparation du four, qui ne fonctionnait qu’au minimum, la moindre tarte prenant près de deux heures pour cuire. Nous avons à présent un four dont nous pourrions utiliser les brûleurs comme lance-flamme et Céline fête l’événement en nous préparant un délicieux gâteau à la banane… que j’oublierai dans le four. Nous avons enfin réussi à faire brûler un gâteau!
Le temps est plutôt à la pluie et les activités de l’après-midi ne sont pas faciles à trouver pour les enfants. Heureusement, il y a toujours du nettoyage à faire! Les enfants sont tout de même motivés pour accueillir leur oncle sur un bateau propre. Cela a été la surprise de ces derniers jours : mon frère qui ne devait pas venir a pu se débrouiller pour nous rejoindre une semaine, malgré le début d’un nouveau travail le mois dernier. Nous sentons que la famille et les amis manquent aux enfants et ils sont vraiment heureux de le revoir, ainsi que leurs grands-parents.

dimanche 27 novembre 2011

Un campeur dans le carré

Nous profitons de notre séjour au Marin où les activités pour les enfants ne sont pas légion pour tenter de les motiver pour avancer au maximum pour l’école. Cela n’est pas toujours couronné de succès, mais la perspective d’être tranquille quand la famille viendra à bord est tout de même motivante. Les enfants commencent à saturer de l’école. Ils n’y ont droit qu’une demi-journée par jour (plus ou moins grosse suivant leur motivation), mais il n’y a pas de pause dans la semaine et ils n’ont pas fait de pause de plus d’une journée depuis le 1er septembre. La maîtresse aussi profitera probablement bien de vacances bien méritées…
Nous commençons le nettoyage du bateau avec les enfants. Pendant que Clément lave les vitres, Elise nettoie sa salle-de-bain et Julien frotte le pont. Nous nettoyons au fur et à mesure le bateau, mais nous n’avons pas fait de grand ménage complet depuis le départ. L’arrivée de nos prochains hôtes est donc la bonne occasion pour offrir un bon nettoyage «de printemps» à Kakao.
Avant de nous coucher, nous avons depuis quelques jours un rituel à assurer. Nous allons chercher Clément dans sa cabine, le faisons passer aux toilettes, puis nous l’installons sur un matelas de camping au milieu du carré, avec un seau à côté. L’objectif est simple : mettre un terme à l’énurésie de notre benjamin. Il vient d’avoir quatre ans et demi et nous avons convenu avec lui que c’était vraiment la dernière limite pour être propre la nuit. Il est difficile pour lui de sortir de sa cabine et d’aller au toilettes et pour nous de gérer le séchage de draps et d’alaises sans sèche-linge et avec un faible stock de lingerie.
Pour l’instant, les matins sont assez humides et le petit-déjeuner de Clément est suivi par sa séance de lavage de draps. Ce sont parfois les nuits qui sont entrecoupées de passages au stand pour changer la literie et nous manquons un peu de sommeil…
La cabine téléphonique

Il fait froid au Marin!

Il est liiiiibre Max!

Ca fait aussi du bien de se défouler sur la terre ferme


samedi 26 novembre 2011

Une impression de retour à la maison

Le temps est pluvieux ce matin, ce qui ne nous gêne pas trop car cela nous évite la chaleur étouffante du Marin.
Nous allons au marché acheter des boudins antillais que nous avions particulièrement appréciés lors de notre précédent passage. L’après-midi nous allons faire quelques courses au Ed du coin. Les enfants sont surexcités en voyant les étalages du magasin. Entre le Nutella, les gâteaux, les pains au lait et surtout les fromages, c’est Noël! Nous aussi partageons avec Céline cette impression et c’est étonnant de voir la différence par rapport à notre première visite, alors que nous venions de la métropole. Nous avions trouvé ce magasin peu achalandé…
Au Marin, la différence est aussi notable sur les pontons par rapport à août. C’est un ballet incessant de locataires saisonniers de voiliers, qui en ce début de week-end, avitaillent leur bateau pour la semaine ou la quinzaine à venir.
Nous allons écouter le petit concert d’un groupe de la Havane dans les rues du Marin avant de nous coucher.

vendredi 25 novembre 2011

Faux mouillage

Nous partons à huit heures pour une navigation assez tranquille. Le vent est entre 15 et 18 nœuds, avec une mer belle.
La côte sous le vent de Saint-Vincent

Toujours la côte sous le vent de Saint-Vincent
Un déjeuner en navigation



Kakao avance bien et nous arrivons en début d’après-midi au mouillage le plus au nord de Saint-Vincent, Chateaubelair.
A l’entrée de la baie, un boy-boat dans une barque à la rame nous fait des signes que nous interprétons volontairement comme un salut alors que c’était probablement un appel à venir à notre bord pour nous vendre quelque chose et se faire ramener à terre. Les guides déconseillent de prendre quelqu’un à bord et nous nous dirigeons donc vers le mouillage sans s’enquérir de ce qu’il nous veut. Nous jetons l’ancre dans une dizaine de mètres d’eau, au pied d’une falaise couverte de verdure et de cocotiers. C’est superbe et assez impressionnant.


Dans l’après-midi, nous avons la visite d’un boy-boat à la rame sur sa vielle planche de planche-à-voile. Sur l’ensemble de ce qu’il nous propose, nous acceptons d’acheter un ananas. Il retourne le chercher à terre, mais il revient les mains vides, tous les ananas ayant été vendus le matin. Il nous demande quelque chose à boire. Nous lui offrons une bière qu’il boit près du bateau, en discutant avec moi. Il me raconte entre autres qu’il y a souvent des vols là où nous sommes. Les «bad boys» frappent sur les coques du bateau la nuit, puis quand vous sortez vous attaquent et vous volent.
Quelques minutes plus tard, un second boy boat nous accoste pour nous offrir ses services et après lui avoir aussi offert un rafraîchissement, il nous indique la même chose que le précédent sur les risques du mouillage où nous nous trouvons.
Nous hésitons à préparer le bazooka, mais comme Céline a oublié de le mettre dans les bagages, nous décidons d’appareiller à la tombée du jour pour la Martinique.
L'équipage prêt... en pyjama!

Je vous jure, il y a une barque en dessous!

Notre visite de Saint-Vincent aura été courte...

Dès le départ, nous mangeons puis couchons les enfants dans le cockpit. Le vent est établi entre 18 et 20 nœuds, avec quelques rafales à près de 30 nœuds dans les grains. Nous sommes un peu chahutés dans le canal entre Saint-Vincent et Sainte-Lucie.
Arrivés près de côtes de Sainte-Lucie, j’ai une petite inquiétude en sentant une odeur bizarre émanant probablement des moteurs. Après quelques instants, je réalise que ce sont les vapeurs de souffre de La Soufrière que je sens. Nous remontons Sainte-Lucie à proximité des côtes en ayant le loisir d’admirer les deux pitons de nuit. Nous continuons notre visite de nuit des côtes, accompagnés par les paquebots qui croisent à présent dans les Antilles, naviguant de nuit pour faire découvrir à leurs passagers de nouvelles îles chaque matin.

Après le calme de la navigation sous le vent de Sainte-Lucie, nous reprenons un peu de mer entre Sainte-Lucie et la Martinique. Arrivés près des côtes françaises, nous regardons s’il est possible de mouiller en face de Sainte-Anne, mais comme la nuit est noire et qu’il y a encore des grains, nous prenons la décision d’aller directement au Marin.
Nous nous amarrons au ponton à 4 heures du matin, après une remontée de Grenade en moins de 48 heures. Nous comptions ne pas trop tarder à retourner en Martinique, mais c’est vraiment une remontée express que nous venons d’effectuer! Nous n’avons pas trop besoin d’être bercés pour nous endormir…

jeudi 24 novembre 2011

Flash back

Nous levons l’ancre à huit heures, sous un ciel couvert et des averses fréquentes.
A la demande express de ma belle-soeur...

...quelques photos pluvieuses.


C’est un vrai temps de novembre! Vers le nord de Grenade, nous prenons un bon grain avec des rafales à plus de 30 nœuds, mais ensuite la navigation est plutôt tranquille jusqu’à Canouan. Elle est aussi tranquille du côté de la pêche puisque nous n’attrapons rien. Le Venezuela était décidément très poissonneux par rapport aux îles plus au nord de la mer des Caraïbes.
Nous passons devant l’île de Ronde, Saline, Carriacou, Union, etc.
L'île de Ronde

Union


Au fil de la navigation le long de ces îles, les souvenirs des bons moments que nous y avons passés nous reviennent. Nous avons un nouveau pincement au cœur en pensant à l’équipage de Kapuera avec lequel nous avons partagé l’essentiel de cette période de visite des Grenadines. C’est comme un film de vacances que nous passons en accéléré.
En arrivant à Salt Whistle Bay, nous voyons que cette magnifique mais petite baie de Mayreau est trop encombrée pour y mouiller sereinement et nous décidons, malgré la déception des enfants, d’aller directement mouiller à Canouan, à cinq miles de là.

Arrivés à Canouan, les enfants se baignent du bateau. Nous avons ensuite la flemme d’aller à terre pour retrouver le délicieux goût du « Fruit punch » du Tamarin Beach Hotel. Nous consolons les enfants en prenant le temps de faire un jeu de société tous les cinq ce qui est assez rare avec le planning chargé que nous avons…
Nous prenons la météo et devant le temps qui se gâte pour dimanche, nous prenons la décision de changer nos plans et de naviguer le lendemain jusqu’à Saint-Vincent, puis de Saint-Vincent à la Martinique. L’avantage est aussi que nous ne naviguerons que de jour. Nous nous sentons en effet fatigués et peu motivés pour une nouvelle nuit de quarts.
Nous avons évité Saint-Vincent jusqu’à maintenant car cette île a la réputation d’avoir des boy-boats assez insistants et il est recommandé de ne pas quitter son bateau pour éviter les vols. Comme nous ne comptons pas descendre tous à terre pour visiter, l’escale ne nous semble donc pas risquée.
Ju est déçu de ne pas repasser par Bequia car il comptait y acheter un leurre fluorescent comme celui qu’il avait perdu.

mercredi 23 novembre 2011

La croisière s’amuse

A part Bertrand qui s’est découvert une véritable passion dans l’entretien de ses moteurs, nous allons tous au marché aux fruits et légumes de Saint-George’s. Sur la route, nous rencontrons beaucoup plus de touristes que lors de nos précédentes visites. Les paquebots à quai y sont pour quelque chose… La physionomie du centre ville a d’ailleurs changé. Le nombre de stands de fruits est réduit, mais c’est probablement parce que nous ne sommes pas le week-end. Par contre, tous les petits stands de souvenirs qui étaient en partie fermés, sont à présent ouverts. Nous voyons aussi pléthore de chauffeurs de taxi, en uniforme, alpaguer le touriste à la sortie du centre commercial assurant le passage entre le quai de débarquement et le centre-ville. Il y a un grand nombre de vendeurs de colliers d’épices qui nous sollicitent à tous les coins de rue.
Nous rencontrons sur le marché des touristes français un peu perdus, ne parlant pas un mot d’anglais et cherchant à savoir comment se déplacer et s’il faut négocier les prix annoncés.
Comme nos familles ne passent pas inaperçues et que nous sommes déjà venus un certain nombre de fois, nous sommes reconnus par certains commerçants, qui nous gratifient de grands sourires.

Après le déjeuner et un dernier tour dans la piscine, nous quittons la marina de Port-Louis pour aller mouiller devant Saint-George’s, dans la baie. Nous évitons ainsi de payer une nuit supplémentaire à la marina alors que nous en profiterions peu en partant tôt le lendemain. En effet, le départ est prévu à 7h30, pour rejoindre Mayreau (à une quarantaine de miles) en milieu d’après-midi.

Nous avons prévu d’être dimanche soir ou lundi matin au port du Marin, en Martinique. Mes parents et mon frère arrivent le dimanche suivant et nous souhaitons avoir effectué tous les petits travaux sur le bateau que nous n’avons pas eu le temps de faire avant de partir en août.
Le planning est donc d’être à Mayreau jeudi soir, à Canouan vendredi soir, à Bequia samedi soir et de faire une navigation de nuit de Bequia au Marin dans la nuit de dimanche à lundi.
Coucher de soleil en baie de Saint-George's

mardi 22 novembre 2011

Le repos du guerrier

Les enfants ayant bien dormi, ils se réveillent comme d’habitude entre 6h30 et 7h00. C’est un peu plus dur pour les parents… Une fois le petit-déjeuner pris, nous allons à la marina de Port-Louis, afin de profiter de ses services et de sa piscine. La haute-saison ayant débutée, nous n’avons plus le droit de nous mettre au ponton des yachts. Nos voisins sont donc moins selects, mais nous ne nous en formalisons pas.
Nous sommes invités par Sophie et Bertrand à manger une pizza le midi au restaurant de la marina. Nous nous régalons de ce plaisir simple mais un peu oublié ces dernières semaines. Nous passons l’après-midi à digérer dans une certaine léthargie car nous avions perdu l’habitude de manger autant en une seule fois.
La table des enfants après leur passage... il ne reste pas grand chose!

Les enfants sont moins amorphes car impatients de profiter de la piscine de la marina. Clément nage de mieux en mieux, mais toujours avec un style approximatif. Il adore mettre un masque pour regarder sous l’eau dans la piscine, alors qu’il est toujours difficile de lui en faire mettre un pour le snorkeling. La contradiction doit être inscrite dans les gènes de cet enfant (un héritage maternel probablement…).

En fin d’après-midi, Bertrand et moi allons faire quelques courses à Island Water World, afin de remettre à niveau le stock de matériel de pêche et surtout de réapprovisionner les bateaux en filtres et autre matériel technique pour gérer l’alimentation en gasoil de nos chers moteurs.

lundi 21 novembre 2011

Apéritif au gasoil

Au milieu de la nuit, nous recevons un nouvel appel d’Ann’Julie pour nous apprendre que leurs moteurs recommencent à caler régulièrement. Nous sentons le stress et l’angoisse dans les voix de Bertrand et de Sophie. Nous ralentissons pour rester en vue. Tant qu’il ne fait pas jour, le mieux est qu’ils essaient de faire tourner toujours un moteur, même si c’est au ralenti.
Je ne comprends pas pourquoi il y a toujours des problèmes alors que les filtres du décanteur ont été changés. Une piste probable est que ce qui bouche soit en amont du décanteur, dans la tige d’aspiration qui plonge dans le réservoir. Un des moyens de la déboucher est de défaire la durit qui arrive au décanteur et de souffler dedans. J’en discute avec Bertrand qui me confirme que son ami Patrick a la même analyse. Il ne reste plus qu’à tenter l’opération dès que le jour sera levé.
A six heure du matin, les enfants sont réveillés et nous prenons le petit déjeuner une demi-heure plus tard, « à la fraîche ».
Tout le monde à la cuisine pour préparer la salade du déjeuner!

Une fois le soleil levé, Bertrand s’exécute mais n’arrive pas à enlever les durits. Nous réfléchissons à un autre moyen de déboucher la tige d’aspiration, mais nous ne trouvons rien de probant. Il faut absolument réussir à enlever ces durits. Sophie et Bertrand continuent à avancer à allure réduite sur un moteur en tentant de défaire la durit du moteur arrêté, quand le second moteur s’arrête. L’appel VHF qui s’ensuit révèle un haut niveau de stress. Nous affalons les voiles et nous déroutons vers eux, en leur demandant de faire route au mieux vers nous, en fonction du vent. La mer étant belle, je devrai pouvoir mettre l’annexe à l’eau et rejoindre le bord d’Ann’Julie une fois que nous en serons proches.

Nous rejoignons Ann’Julie, qui dérive doucement, porté par le courant… en sens inverse de notre destination. Contrairement aux usages, c’est le capitaine de Kakao qui abandonne en premier le navire, laissant à Céline cette place tant convoitée par tout membre d’équipage. Arrivée sur Ann’Julie, je règle tout d’abord les voiles pour faire repartir le bateau et lui faire gagner un peu sur notre route pendant que Bertrand continue à bricoler dans la cale moteur. Au moment où le bateau repart, Bertrand réussit à défaire la durit tribord. Nous arrivons à souffler dedans et à faire repartir le moteur. J’avale au passage une bonne gorgée de gasoil. Je préfère définitivement le Ti’punch… J’arrive ensuite à défaire la deuxième durit et à souffler dedans, cette fois-ci sans goûter au délicieux breuvage des réservoirs d’Ann’Julie. Nous poussons un peu le régime des moteurs et j’attends un peu pour vérifier qu’ils tournent bien. A présent, les durits ont été défaites une première fois et Bertrand connaît la marche à suivre en cas de nouveau calage d’un moteur. Arrivés sur Grenade ou au plus tard en Martinique, il faudra offrir à Ann’Julie un bon nettoyage de réservoirs pour que la monture des Coquelet continue à rugir.
Les moteurs d'Ann'Julie tournent tellement bien
que le bateau se cabre au démarrage!

Je retourne sur Kakao détrôner Céline. Ai-je senti une hésitation au moment d’attraper l’amarre de l’annexe? Non, c’est sûrement mon imagination et l’assurance-vie de 500 millions contractée avant notre départ ne peut pas suffire à la motiver pour m’abandonner en annexe en pleine mer…
Nous hissons les voiles et reprenons notre route. Julien fait l’école mais sa maîtresse est fatiguée. Pendant ce temps, Elise joue la maîtresse pour Clément et lui donne des devoirs. Pour le goûter, Céline a préparé une nouvelle surprise en faisant des pancakes (merci Anne-Sophie pour la poudre de pancake) que nous avons même le plaisir de pouvoir napper de Nutella.


En bon marin, on travaille tous les jours les noeuds

En fin de journée, nous nous préparons à passer, au moins en partie, une troisième nuit en navigation. Nous sentons la fatigue s’accumuler, mais nous avons aperçu Grenade au loin avant le coucher du soleil, donc nous gardons espoir!

Nous arrivons à une heure du matin dans la baie de Saint-George’s. Nous connaissons cette baie, mais il est difficile de trouver ses repères de nuit. De plus, certains bateaux ne mettent pas leur feu de mouillage et il est vraiment difficile de les apercevoir par ces nuits sans lune. Nous mouillons à bonne distance des derniers bateaux et sombrons rapidement dans un sommeil bien mérité.

dimanche 20 novembre 2011

Des hoquets sur Ann’Julie

Le moment magique du lever de soleil


A cinq heures du matin, nous avons un appel VHF d’Ann’Julie. Bertrand nous annonce qu’un de ses moteurs s’est arrêté, selon lui à cause d’une courroie cassée car l’arrêt s’est accompagné d’un grand claquement. Il veut immédiatement se dérouter sur Blanquilla qui est à une quarantaine de miles. Il est visiblement inquiet car la traversée sur un seul moteur risque d’être beaucoup plus longue… Je lui dis de continuer pour l’instant sur notre cap initial et d’attendre une heure d’avoir la lumière du soleil pour vérifier à minima le diagnostic. Si c’est en effet une courroie à changer, ce ne sera en effet pas évident de le faire en navigation. Je réduis l’allure pour les attendre et nous continuons à naviguer jusqu’au lever du soleil.
Cela me confirme une fois de plus l’intérêt de naviguer à au moins deux bateaux. En cas d’avarie, il est beaucoup plus rassurant de savoir quelqu’un proche et capable d’aider que seul au milieu de l’océan.

Bertrand va difficilement vérifier dans le moteur car il est malade, comme ses filles. C’est dur pour Sophie… Il se rend compte que la courroie est intacte, puis tente de démarrer le moteur avec succès. Peu de temps après, c’est l’autre moteur qui cale. Alternativement, ses moteurs calent. Nous échangeons sur les symptômes qui sont très proches de ceux que j’avais rencontrés en Dominique sur Kakao. Je lui indique que c’est très probablement un problème d’alimentation en gasoil et qu’il faut vérifier si son décanteur est sale. Je lui explique les manipulations que j’avais eues à faire sur celui de Kakao.
Bertrand et Sophie s’activent à nettoyer les décanteurs et redémarrer les moteurs, tout en s’occupant de leurs filles malades. La fatigue d’une nuit de navigation, ajoutée au stress de la situation nous font prendre la décision de nous dérouter sur Blanquilla, afin que l’équipage puisse se reposer et manger (ils n’ont pas mangé depuis le déjeuner de la veille, en en ayant rendu une bonne partie…). Nous pourrons ainsi analyser ensemble le problème et tenter de le régler.
On est pas bien au poste de barre?


Dis Papa, comment ça marche un bateau?

Grande séance de préparation de mots d'arrivée pour la famille. Chut! C'est un secret...

Deux heures et demie plus tard, nous mouillons sur la plage de Blanquilla, à côté du seul bateau au mouillage, un catamaran français. C’est tout de même un plaisir de retrouver ces magnifiques fonds que nous pouvons apercevoir même avec vingt mètres d’eau. Nous avons mangé avant d’arriver et Céline nous a réservé la surprise de sortir du saucisson, gardé depuis notre départ de Martinique.
Les enfants vont immédiatement se baigner pendant que je remplis les réservoirs avec mes bidons de réserve. Cela devient une véritable passion d’être couvert de diesel… J’en profite pour calculer la consommation des moteurs et vérifier que nos estimations sont correctes.

Ann’Julie nous rejoint une demi-heure plus tard au mouillage, sur un seul moteur. Au moment de jeter l’ancre, ils se rendent compte que le guindeau ne fonctionne plus. Entendant nos échanges à la VHF, le capitaine du catamaran voisin, « Visiteur », nous propose son aide. Une fois arrivé avec son annexe, il nous donne la clé pour utiliser le guindeau: il suffit de mettre le contact du moteur qui a calé pour que le guindeau puisse fonctionner!
Une fois mouillé, nous commençons à regarder dans les moteurs. En plus du capitaine de Visiteur (je ne lui ai pas demandé son nom), Patrick, l’ami de Bertrand, nous aide par téléphone (merci le satellite!). Les décanteurs à gasoil sont les mêmes que sur Kakao et je vais chercher mes deux filtres de décanteur de rechange pour les mettre en place sur Ann’Julie. Nous changeons aussi le filtre à gasoil d’un des moteurs. Les moteurs repartent et semblent tourner correctement.

Malgré l’insistance de Visiteur à nous voir rester cette nuit sur Blanquilla pour ne pas le laisser seul, nous prenons une météo et décidons de repartir à 17h30 pour être certains de rester dans la fenêtre de l’accalmie.
Nous mangeons dès le départ et les enfants sont tous endormis dès 18 heures! Le début de nuit est sans histoire, avec moins de vent que la veille, une mer moins formée et donc un bateau qui tape moins. Nous sentons tout de même avec Céline la fatigue d’une nouvelle nuit de quart s’accumuler à la précédente.

samedi 19 novembre 2011

Le grand départ

Nous avons de la chance car la barge d’avitaillement en diesel arrive ce matin. Nous pouvons faire le plein des réservoirs et prévoir environ 90 litres de réserve dans des bidons. Nous avons donc en tout 350 litres de gasoil, ce qui est suffisant pour aller jusqu’à Grenade avec une marge correcte.

Anne-Sophie vient à bord de Kakao pour faire un peu d’internet car elle n’arrive pas à capter correctement sur Kapuera. Elle n’arrivera pas à transférer les poésies des enfants pour le CNED, mais nous aurons profité à fond des derniers moments ensemble. En effet, nous quittons Kapuera pour longtemps car s’ils changent de programme, nous les croiserons peut-être en juillet en Martinique, mais sinon, nous ne les reverrons pas avant leur retour en France mi-2013. Nous avons partagé plein de bons moments et nous sommes beaucoup attachés les uns aux autres ces derniers mois. Nous avons aussi passé de très bons moments avec Martine et Alain que nous avons beaucoup appréciés.
Nous sommes aussi tristes de quitter l’équipage de Perséides qui va continuer sa route vers le Pacifique pour terminer en 2015 en Australie.
Après le déjeuner et la fin des préparatifs, nous passons sur Perséides et sur Kapuera pour les adieux. Le temps est un peu humide pour les yeux…

A 15 heures, nous levons l’ancre, hissons les voiles et partons pour nos deux ou trois jours de navigation.
Les adieux à Kapuera...

...puis ceux à Perséides...

...et enfin ceux aux Roques

L'équipage est prêt pour la "grande" traversée


Une fois sortis de l’archipel, nous rencontrons une petite houle d’un mètre cinquante qui fait un peu taper le bateau, mais sans excès. Le vent est orienté un peu au nord et porte dans les voiles, ce qui nous permet d’avoir une vitesse honorable et d’appuyer les moteurs. Nous avons entre un et deux nœuds de courant dans le nez et il est bien de pouvoir avancer entre sept et huit nœuds (donc cinq ou six nœuds de vitesse réelle) pour ne pas trop allonger la durée de la navigation.
Les enfants ont un peu mal au cœur et Ju préfère ne pas garder son déjeuner… Elise et Clément s’endorment vite et ne semblent pas perturbés par le vacarme des vagues qui tapent sous la nacelle. Julien, une fois vidé, s’endormira lui aussi. Cela bouge trop pour que nous mangions et il n’y aura pas de réel dîner.

Avec l’arrivée de la nuit, le vent a un peu forci et s’établit entre 13 et 15 nœuds, avec quelques rafales à 20 voire 25 nœuds. Mais la mer reste assez belle et le ciel sans lune est bien découvert. L’absence de stress sur les conditions de mer permet d’admirer un magnifique ciel étoilé. Avec la musique à fond, seul personne éveillée sur le bateau au milieu de la mer, c’est un moment magique où il est facile de laisser vagabonder ses pensées et de se laisser aller à une béate contemplation.

vendredi 18 novembre 2011

Bonne pêche

Nous partons dès huit heures du matin avec Ann’Julie car il y a quatre heures de navigation jusqu’à Grande Roque et nous avons beaucoup de choses à faire. Selon les informations météo que nous avons, une accalmie de l’alizé est prévue entre samedi et mardi prochain. Nous imaginions aller jusqu’à Blanquilla en direct ou via Tortuga, en fonction de la météo, puis attendre un créneau avec du vent plutôt sud-est pour rentrer directement en Martinique.
Pour les jours qui viennent, le vent est plutôt faible et orienté nord-est, donc complètement de face pour faire Blanquilla-Martinique. Nous changeons donc nos plans et prévoyons de profiter de l’accalmie (entre cinq et dix nœuds de vent) pour partir dès samedi directement pour Grenade. C’est une navigation de deux ou trois jours, tout au moteur, mais ensuite le retour de Grenade en Martinique devrait être plus facile (avec une direction globalement sud-nord) et à la voile.
Avant de partir, il faut donc absolument faire le plein de diesel et remplir des bidons (car les réservoirs ne suffiront pas pour faire tout le trajet). Il faut aussi avitailler quelques produits frais et préparer à l’avance quelques repas faciles à prendre en navigation sans cuisiner. Enfin, il faut globalement préparer le bateau en rangeant et en attachant tout ce qui pourrait bouger sur le pont ou dans le bateau.
Nous hissons les voiles pour vérifier que tout est en état. La grand voile n’a pas été hissée depuis quelques jours et pas depuis que j’ai remis en place les bosses de ris. C’est plutôt une bonne idée car je me rends compte qu’une vis manque au rail de grand-voile et qu’une autre est sortie et gêne la montée des chariots. Nous profitons aussi de cette traversée pour calculer la consommation des moteurs et affiner nos estimations pour rejoindre Grenade.

Au cours de la traversée, la pêche est plutôt bonne puisque nous remontons à bord deux barracudas de 80 centimètres, deux bonites et un petit thon.

C'est Ju qui écaille!


Nous perdons une dizaines de touches et nous rendons compte en arrivant à Grande Roque que l’ergot empêchant l’hameçon de ressortir de la bouche du poisson est cassé. De plus, à force de se faire croquer, le leurre a perdu de sa superbe et il est donc temps de le changer.

Nous profitons de l’accès internet pour mettre à jour le blog, mais n’avons pas le temps d’y ajouter les photos. C’est en effet un peu long car il faut réduire la taille de chaque photo puis la télécharger sur le site pour enfin la mettre en place dans le texte.
Nous allons faire quelques courses et nous promener dans le village. Nous apprenons que c’est le jour de la fête de la famille quand nous passons devant l’école primaire en fête. Des enfants, accompagnés par un guitariste, chantent « La familia esta la cellula fundamentale de la societad » (désolé pour mon espagnol approximatif, mais vous aurez comme moi compris globalement le sens).



Un cours de karaté sur la place du village

Une dernière lessive avant le départ

Une dernière partie de pêche

...pour Clément aussi

Pour le dernier soir, nous nous retrouvons tous sur Ann’Julie pour goûter aux pâtés chinois préparés par Kathleen. Cela n’a pas grand-chose d’un pâté, pas grand-chose non plus de chinois ; c’est en fait un hachis Parmentier avec quelques ingrédients supplémentaires comme du maïs. C’est en tout cas très bon et petits et grands se régalent.