mardi 10 avril 2012

Premiers pas en République Dominicaine


Nous levons l’ancre à l’heure prévue.
Quelques heures après le départ, nous pouvons admirer un beau lever de soleil


L’objectif est d’être à la marina Cap Cana de Punta Cana en début d’après-midi car il paraît que la passe d’entrée de la marina est délicate et mal balisée. Nous n’avons pas trouvé de carte détaillée de la République Dominicaine et les cartes électroniques de notre portable et du GPS du bateau sont très imprécises. Nous voulons donc être dans de bonnes conditions de visibilité pour négocier cette entrée.

La navigation se passe bien mais le vent est trop faible pour nous faire avancer suffisamment et nous devons nous aider des moteurs pour les trois quarts du trajet. La mer est cependant assez formée (comme prévu) et nous sommes un peu secoués. Le pire est en arrivant vers les côtes de la République Dominicaine, où nous longeons le «Hourglass shoal», lieu où la profondeur passe de plusieurs centaines de mètres à quelques dizaines et où de forts courants contraires se croisent. Les vagues venant de différentes directions se heurtent et forment une mer assez désagréable qui nous ballote bien. Heureusement, nous sommes essentiellement sous voile pendant ce passage et cela stabilise un peu le bateau.

Arrivés à l’entrée du chenal, nous appelons la marina à la VHF pour connaître les coordonnées exactes de l’entrée du chenal car deux se présentent à nous. La réception n’est pas très bonne et les conversations en «espanglais» ne facilitent pas la compréhension. Nous sommes bien engagés dans un chenal tortueux dont l’alignement des bouées est à revoir quand le zodiac de la marina vient à notre rencontre pour nous indiquer que nous avons choisi le mauvais! Nous faisons donc délicatement demi tour dans l’étroit et peu profond chenal, en nous félicitant d’avoir un catamaran qui permet de pivoter sur place.
L’entrée de la marina se fait entre des ensembles hôteliers qui semblent vides, voire parfois en construction. L’ambiance est assez spéciale et fait un peu penser à une ville fantôme.
La marina côté face...

...côté pile...

... et côté mer.

Domingo, le «dockmaster» de la marina qui est venu nous accueillir, nous guide jusqu’au ponton à essence, où nous attendons les officiels pour les formalités d’entrée dans le pays. Nous avons bien fait les choses et pour la première fois depuis le début du voyage nous avons hissé le pavillon jaune, signifiant que nous venons d’arriver dans un nouveau pays et que nous sommes en attente de faire notre clearance.
La réputation de la République Dominicaine étant assez mauvaise concernant les tarifs des formalités d’entrée et l’honnêteté des différents représentants officiels, je me suis renseigné auparavant auprès du consulat de la République Dominicaine en France. J’ai reçu par mail un document officiel indiquant les sommes effectivement à payer, ce qui me permet de savoir à quoi m’en tenir. Il devrait tout de même nous en coûter environ cent dix dollars pour être en règle.

Deux jeunes arrivent et après m’avoir demandé les passeports et les papiers du bateau, ils recopient tour à tour ce que contiennent ces documents sur des feuilles blanches, visiblement peu certains des informations qu’ils doivent collecter et peu habitués à trouver l’immatriculation du bateau sur un livret de navigation. Ils ne se sont pas présentés et leur anglais étant à peine meilleur que mon espagnol, je ne sais pas qui ils sont et quelles autorités ils représentent.
Un militaire arrive ensuite, très souriant et visiblement encore moins au courant des procédures que les deux autres. Il essaye de comprendre ce que l’un des deux écrit.

Enfin, trois autres personnes arrivent avec des badges officiels qui doivent faire office d’étoiles car ils ont des manières de shérifs. Deux d’entre eux me demandent rapidement quelques renseignements qu’ils reportent sur un formulaire, me le font signer et me présentent chacun un reçu avec des sommes à payer. Par rapport aux informations du consulat, la répartition n’est pas la même, mais la somme totale globalement identique. Je pose quelques questions pour essayer de savoir si cela représente bien tout l’ensemble des frais d’entrée en République Dominicaine. Ils me le confirment, visiblement mécontents que je leur fasse perdre leur temps.

La troisième personne, effacée jusqu’à présent, me demande si elle peut monter à bord pour une inspection. L’homme monte avec l’un des deux premiers à être arrivés. Tous deux portent leurs chaussures. Après s’être violemment cogné la tête contre le bimini en entrant dans le cockpit, «l’inspecteur» se déchausse pour entrer dans le carré. Il descend dans l’une des coques, regarde autour de lui, puis me demande d’ouvrir un placard et un plancher. Cela semble lui suffire et la douleur qu’il ressent au crâne écourte peut-être cette inspection pour le moins rapide. Quand il remonte sur le quai, un «crac» se fait entendre. Il vient de déchirer son pantalon au niveau de l’entrejambe!

Les formalités sont en tout cas terminées et nous pouvons aller nous amarrer au ponton qui est en face, derrière un des rares voiliers de la marina. L’essentiel des bateaux sont, en effet, des vedettes de pêche.
Les pontons sont assez hauts (ce qui ne facilite pas le débarquement des enfants) et il manque des taquets pour amarrer le bateau. Ils n’ont pas d’adaptateur électrique nous permettant de nous brancher. Il y a de l’eau douce à disposition mais elle n’est pas potable.

Un employé m’emmène en «golfette» au bureau de la marina pour y régler les détails administratifs. La rapide promenade le long des quais est édifiante. La marina est au cœur d’un grand complexe résidentiel et hôtelier qui semble pour l’essentiel inoccupé, ou avec des clients cloîtrés dans leur chambre. Dans le bureau de la capitainerie, un affichage fait état du projet entier qui est immense, voire démesuré.
Le personnel de la marina est très serviable, visiblement habitué à servir une clientèle fortunée et exigeante.

Nous discutons un peu avec Ramon, un des employés, qui nous explique qu’il travaille depuis peu à la marina. Avant, il était salarié dans un golf. Quand je lui demande ce qu’il préfère, il me dit que c’est à peu près la même chose: il conduit toujours des clients en voiturette… Il nous explique que son responsable est américain et organise les choses «à l’américaine».
C’est révélateur du mode de fonctionnement économique de ces grands complexes. Des investisseurs étrangers apportent d’importants fonds pour lancer la réalisation des structures et font appel à la main d’œuvre locale pour les salariés, tout en conservant des expatriés aux postes clés de gestion.

Ce soir, nous retrouvons la chaleur et les moustiques propres aux marinas…

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