lundi 5 mars 2012

Un bon début pour une première

Les coqs n’ont pas encore eu le temps de chanter quand nous levons l’ancre pour nous positionner au pied du pont. Presque à l’heure, la circulation routière est coupée et le pont s’élève. Deux voiliers passent le pont en sens inverse mais nous sommes les seuls à emprunter ce matin la Rivière Salée dans le sens Sud-Nord. Je comptais un peu sur un collègue à suivre pour éviter les pièges du chenal, mais il faudra se débrouiller tout seul. Le chenal est balisé, mais la dernière bouée rouge avant le pont était éteinte et j’espère que toutes fonctionnent à l’intérieur…

Nous nous dirigeons vers le pont de l’Alliance qui doit s’ouvrir à 5h30. Nous croisons en permanence les informations venant des bouées, du sondeur et du GPS. C’est un peu angoissant, mais nous arrivons sans encombre au pied du pont de l’Alliance quelques minutes avant son ouverture. Le deuxième pont s’ouvre juste pour nous. Après quelques centaines de mètres dans la fin de la Rivière Salée, nous débouchons dans le Grand Cul-de-sac Marin aux premières lueurs de l’aube.
Je n'ai pas encore l'auréole, mais j'ai déjà l'arc-en-ciel!

Quand les bouées ne fonctionnent pas, elles peuvent toujours servir de perchoir.




Nous hissons la grand-voile dès que le chenal s’élargit. A la sortie de la passe à Colas, nous pêchons une belle bonite de deux kilos que Pascal se fait un devoir de vider. Céline, a présent experte dans le domaine, supervise les opérations.
Il faut savoir souffrir pour manger!

Dès que nous nous éloignons des côtes de la Guadeloupe, nous subissons ce qui était prévu: vingt-cinq nœuds de vent de travers avec des rafales à plus de trente sur une mer dont les creux atteignent plus de trois mètres. Ces conditions font probablement sourire les véritables marins mais pour des apprentis plaisanciers comme nous, c’est impressionnant. Certaines vagues déferlent à leur sommet en arrivant sur nous. Celles qui déferlent juste contre les coques forment des gerbes d’eau qui montent à deux mètres au dessus du bimini et rendent le cockpit, habituellement calme en navigation, très humide… L’équipage prend trois ou quatre douches pendant la traversée. Les vagues les plus impressionnantes ne sont pas celles qui secouent ou qui mouillent le plus, car le bateau les escalade de manière plus fluide.

Nos hôtes tiennent bien le coup dans cette traversée initiatique plutôt musclée. Ce sont Elise et Clément qui subissent les affres du mal-de-mer.
Il y a un avantage à ce fort vent, c’est que le bateau avance vite. Nous naviguons à huit nœuds de moyenne avec des pointes à plus de onze avec deux ris à la grand voile et cinq tours au génois.

Après quatre heures à ce régime nous arrivons dans le mouillage d’English Harbour, saoulés et salés par la navigation, pendant laquelle nous n’avons croisé aucun autre bateau ayant envie de se faire secouer…
Les colonnes d'Hercule à l'entrée d'English Harbour


La baie est très encombrée et l’évitage semble assez fantaisiste, les bateaux au mouillage étant dans tous les sens.
Nous trouvons une petite place près de la plage. Au bout d’un quart d’heure, nous reprenons quinze mètres de chaîne pour ne pas être trop près de nos voisins.




Un anglais souhaite fortement que nous mettions une deuxième ancre, comme lui, pour stabiliser notre bateau. Je prévois de le faire avec Pascal après avoir déjeuné. Entre temps, un autre voilier s’est mis derrière nous et je pense plus prudent de ne pas mettre de deuxième ancre pour ne pas risquer de toucher celui-ci.
Le voisin anglais passe son après-midi à rapprocher son bateau de la plage en tendant sa deuxième ancre et fini par barder son bord d’énormes pare-battages. Je suis probablement dans les angoissés du mouillage, mais j’ai largement trouvé mon maître!

Après le déjeuner, Pascal se rend à la nage sur la plage. Il revient avec de beaux souvenirs sur son pied: de magnifiques épines d’oursins! Paré de cette magnifique décoration pédestre, il m’accompagne au Nelson Dockyard pour y faire la clearance.
Les quais sont encombrés de magnifiques voiliers anciens, tous plus rutilants les uns que les autres, entourés par d’énormes yachts à voiles ou à moteur. Le nombre de millions au mètre carré qui flotte ici est impressionnant.







Pascal découvre les plaisirs de la clearance, avec son lot de pages d’écriture dans lesquelles il faut écrire les mêmes informations. J’ai droit à un deuxième tour gratuit car je n’ai pas appuyé assez fort sur le stylo et le cinquième niveau de carbone n’est pas lisible…
En revenant à l’annexe, nous avons la mauvaise surprise de la trouver quelques mètres plus loin, avec le câble antivol coupé. Un bateau est venu s’amarrer et notre annexe gênait. Je m’étais mis à côté de plusieurs autres annexes, mais n’avait pas vu qu’il ne fallait pas mettre d’antivol pour qu’elle puisse être déplacée si besoin par les autorités du port.
Clearance OK!
Les Céline et les enfants vont se baigner sur la plage pendant que Julien, Pascal et moi restons sur le bateau pour travailler, bricoler ou se reposer.
Le soir, il ne faut pas nous bercer longtemps pour que nous sombrions dans les bras de Morphée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire