vendredi 23 mars 2012

Let’s go to the BVI!

Nous levons l’ancre avant sept heures et demie pour rejoindre la baie Marigot et passer le pont levant de Sandy Ground qui permet d’entrer dans l’immense lagon partagé entre les Français et les Hollandais.


Le pont s’ouvre trois fois par jour pour laisser passer les bateaux.

Nous mouillons et allons directement faire un approvisionnement au supermarché. C’est la dernière escale dans une île française avant quelques mois et Céline ne survivra pas sans sa ration de Prince au chocolat au petit-déjeuner !

Une fois revenu sur le bateau et jusqu’à la fin du déjeuner, des trombes d’eau s’abattent sur nous. Tous nos tabourets-bassines sont pleins et il pleut encore! L’évacuation du bimini ne tient pas la route face à tant d’eau et pour la troisième fois depuis le départ, nous devons manger dans le carré pour ne pas être trempés.

Dans l’après-midi, notre kinésithérapeute attitré vérifie Julien qui se plaint du dos depuis quelques semaines. Bertrand nous confirme qu’il n’y a rien d’inquiétant et que ses douleurs sont principalement dues à la croissance. Quand les enfants enfilent des vêtements qu’ils n’ont pas mis depuis quelques mois, nous nous rendons vraiment compte de leur croissance!

Ensuite, nous laissons nos trois têtes presque blondes avec les trois têtes réellement blondes des filles d’Ann’Julie pendant que nous allons à la gendarmerie de Marigot pour y faire nos procurations de vote pour l’élection présidentielle. C’est la dernière limite puisque nous ne serons plus sur le territoire français jusqu’au moment du vote. Merci à l’ancienne directrice de Céline qui a pu nous aider à faire ces démarches, nous permettant d’assurer notre devoir citoyen, même pendant notre périple.
De retour sur Ann’Julie, Bertrand nous rappelle que les élections législatives se tiendront peu de temps plus tard. Si nous l’avions su avant, nous aurions pu tout faire en une seule fois. Nous devrons refaire un tour par la gendarmerie quand nous repasserons sur un territoire français. Comme disait ma grand-mère : «Quand on a pas de tête, il faut avoir des jambes!».

Vers dix-sept heures, nous quittons l’équipage d’Ann’Julie pour lever l’ancre et passer le pont du lagon. Une fois dans la baie de Marigot, nous hissons les voiles et prenons la direction des Iles Vierges Britanniques ou BVI (à prononcer à l’anglaise «bi-vi-ail»).
La navigation entre Saint-Martin et Tortola (l’île principale des BVI) doit durer entre treize et dix-huit heures avec des conditions correctes. Nous pouvions partir vers minuit, afin de limiter le temps de navigation de nuit, mais avec l’impératif de ne pas prendre de retard pour arriver de jour sur Tortola, que nous ne connaissons pas.
Nous avons donc préféré partir en fin de journée pour naviguer de nuit et avoir une marge très confortable pour arriver à destination dans de bonnes conditions d’ensoleillement. C’est plus fatiguant pour les parents qui doivent faire leurs quarts pendant toute la nuit, mais les enfants y trouvent leur compte en pouvant se prendre pour des clients d’un paquebot, quittant un mouillage le soir pour en découvrir un nouveau au réveil le lendemain.

Les navigations de nuit gardent pour moi un caractère assez paradoxal. D’un côté, il y a des moments magiques. Votre navire file sur l’eau sans taper alors que la lune et les étoiles vous éclairent l’horizon, imitées par le plancton fluorescent qui parsème votre sillage d’autres milliers de points lumineux. Tout le monde dort sur le bateau et vous êtes seul à veiller sur ce petit morceau flottant au-dessus d’un monde sous-marin dont l’immensité est étourdissante, laissant vagabonder vos pensées de sujets futiles à d’autres plus profonds.
D’un autre côté, la peur viscérale de l’obscurité vous étreint quand la mer vous chahute par une nuit sans lune, ne vous laissant pas la possibilité de voir venir les grains. Alors que vous êtes déjà loin de la sérénité, le niveau de stress augmente d’un coup quand le vent change brutalement de direction en forcissant. Il n’y a pas besoin d’être en réel danger pour se sentir profondément vulnérable devant la puissance des éléments qui vous entourent. Ce sont deux extrêmes de ce qu’on peut ressentir la nuit en mer, mais il est possible d’éprouver ces différents sentiments lors d’une même traversée.

En ce qui nous concerne, le début de nuit commence un peu difficilement au vent arrière avec des grains qui font varier la direction du vent de près de soixante degrés, rendant important le risque d’empannage. Heureusement, au bout des deux premières heures, la situation se stabilise, et même si le ciel reste chargé et sombre (c’est une nuit sans lune), nous n’avons pas à subir de nouveau grain.
Le vent est pile dans l’arrière de la route directe et nous devons tirer des bords de grand largue pour avancer correctement.

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