mercredi 28 septembre 2011

C’est la manivelle… pardon… le métier qui rentre !

Nous partons après le petit-déjeuner pour Grenade, et plus exactement pour le sud de Grenade. Nous voulons en effet atteindre la capitale, Saint-George’s, en début d’après-midi.
Ils sont plus concentrés qu'en classe...

La navigation est agréable jusqu’au nord de Grenade, avec quinze à seize nœuds de vent et une mer belle. Mais dès que nous sommes sous le vent de l’île, Eole nous abandonne et nous devons mettre le moteur pour garder une moyenne honorable.

Alors que je veux rouler le génois qui ne sert plus, je me rends compte que cela force anormalement. Sur un bateau, ce n’est jamais bon de forcer sans comprendre ce qui coince, car la conséquence est la plupart du temps la casse d’un élément de l’accastillage.
Je vérifie donc mon enrouleur de génois, puis remarque que le génois est légèrement descendu. Je trouve alors que le taquet de la drisse de génois (la corde qui passe par une poulie en haut de mât et qui permet de monter la voile) a été ouvert et a donc laissé descendre la voile. Lors du précédent roulage ou déroulage de génois, la drisse s’est emmêlée dans une poulie en tête de mât et il m’est impossible de la décoincer, m’interdisant de rouler mon génois. Nous comptons aller au port à Grenade et il n’est pas très raisonnable d’imaginer négocier le chenal d’entrée assez étroit avec une voile sortie. Par ailleurs, un coup de vent un peu violent pourrait déchirer le génois qui n’est donc pas correctement envoyé.
Il ne reste donc plus qu’une solution : monter en haut du mât pour décoincer la drisse. Le marin étant prévoyant et prudent, il ne s’agit pas de s’accrocher aux haubans tel un singe pour atteindre le haut du mât, mais de s’assoir dans une « chaise de mât », sorte de baudrier en forme d’assise de balançoire, puis de se faire hisser en haut du mât comme une vulgaire voile. C’est la drisse du spi qui servira de remonte-pente. Les enfants ont déjà été envoyés dans le mât avec la même technique pour l’arrivée de Kapuera, donc il n’y a que quelques (petits…) kilos de différence. Céline sera le garçon d’ascenseur. Une autre différence notable, ce n’est pas au mouillage, mais en navigation que va se dérouler l’opération. Après les cinq premiers mètres, je prends rapidement conscience de cette différence : malgré le peu de vagues, cela remue bien et je dois m’accrocher au mât pour ne pas ressembler à la queue du Mickey dans les manèges.
Arrivé tant bien que mal vers le haut de l’étai (le câble ou rail fixé entre l’avant du bateau et le mât, sur lequel se fixe le génois), je commence à comprendre les nœuds faits par la drisse et à tenter de les défaire. Je demande à Céline de me hisser un peu plus haut. Elle semble étonnamment trouver la tâche difficile et commence à avoir les bras en compote. De plus, elle se bat avec la manivelle de winch (la poulie qui aide à tendre les cordages) d’une main pour faire monter son (léger) mari, et se protège de l’autre du génois et de ses écoutes qui claquent au vent et risquent de la blesser.
Mais le danger ne vient jamais d’où on l’attend… Sur un effort, la manivelle sort du winch et l’embout cranté vient lui heurter violemment la tête. Au bout de quelques secondes elle voit qu’elle saigne et me crie qu’elle s’est blessée. En effet, je vois alors Céline avec une tâche rouge sur le visage, en train de moucheter le pont du bateau. Je lui crie alors de me redescendre, appelle Julien pour qu’il l’aide. Le temps d’arriver sur le pont, Céline est couverte de sang sur le visage et sur les bras. Je l’allonge dans le cockpit et regarde immédiatement sa blessure au crâne. Cela ne semble pas très profond. Je lui donne une compresse pour arrêter l’hémorragie, puis commence à la nettoyer un peu en rassurant les enfants qui n’ont pas l’habitude de voir leur mère avec des peintures de guerre indiennes sur le visage. Julien est en pleurs. Elise regarde sa mère avec inquiétude. Clément observe de loin.
Après l’avoir désinfectée, la plaie est d’environ deux centimètres, mais peu profonde. Il ne devrait pas y avoir besoin de points de suture et une bonne poche de glace devrait éviter à Céline d’arborer un bel œuf de pigeon au sommet du crâne. Plus de peur que de mal finalement.

Nous arrivons trois quarts d’heure plus tard au port, faisons un bon repas en parlant des événements aux enfants, afin qu’ils puissent exprimer leurs inquiétudes.
Non, nous ne nous sentons pas tout petits...

Après avoir réglé les formalités du port, nous allons faire quelques courses dans le supermarché d’en face aussi bien achalandé que chez nous.
Le soir, tout le monde est terrassé par les émotions de la journée. Nous prenons un petit apéritif avec Kapuera au bar de la marina pour nous en remettre, puis tout le monde se couche tôt.

4 commentaires:

  1. j'ai eu les larmes aux yeux avec votre incident j'embasse Céline et une photo d'elle en bonne santé me rassurerait
    Mireille

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour à vous tous.
    Un petit coucou toulousain d'où j'ai plaisir à lire votre blog et donc vos aventures...
    Bises et bonne continuation.
    Cécile B.

    RépondreSupprimer
  3. Coucou,
    Je viens de rattraper mon retard de lecture de septembre.
    J'espère que tout va bien à bord, que Céline s'est remise du choc et que les noeuds sont démêlés.
    Gros bisous,
    On pense à vous.
    Isa B

    RépondreSupprimer
  4. Je vois que tout se passe bien. Je suis toujours époustouflée par cette extraordinaire aventure que vous vivez en famille. J'espère que Céline va bien et qu'il y a eu plus de peur que de mal. Allez moussaillons!!!!! A la prochaine. Caille Marie-George

    RépondreSupprimer