samedi 5 mai 2012

Quatre heures de douche…


A partir de minuit, le ciel se couvre et des grains arrivent sur nous. A partir d’une heure du matin, il se met à pleuvoir des cordes, puis je commence à voir des éclairs. Je me mets à faire comme les enfants qui comptent les secondes entre l’éclair et le bruit du tonnerre. Le feu d’artifice est à cinq kilomètres, puis quatre, puis trois. J’avais lu qu’en cas d’orage sur un bateau, il faut laisser traîner une chaîne dans l’eau, attachée à un hauban pour faire une liaison directe entre le mât et l’eau. Cela doit éviter à la foudre d’être tentée de passer par ailleurs, avec potentiellement plus de dégâts. Je me dis que sur les bateaux modernes il n’y a plus besoin de mettre cette chaîne et un lien métallique est sûrement déjà prévu. Si c’est le cas, Kakao en est-il équipé? Il est un peu tard pour avoir la réponse à ces questions et je décide de changer complètement de direction en mettant cap au Nord, afin d’essayer d’éviter d’aller vers ce qui semble être le cœur de l’orage.
Je continue à compter pour estimer la distance des éclairs et nous nous en éloignons en effet. Mais nous nous éloignons aussi de notre destination qui est au Sud-Est…

Il pleut sans discontinuer jusqu’à cinq heures du matin. Après quelques minutes, mon coupe-vent est trempé et je me change pour sortir de nouveau mon pantalon et ma veste de quart qui me tiendront au sec et globalement au chaud pendant cette douche un peu longue…

Au lever du soleil le ciel se dégage et le vent est assez bien orienté pour que nous puissions arrêter les moteurs. La mer est encore hachée près des côtes Dominicaines car de forts courants contraires se croisent. Après quelques miles, la mer devient belle et Kakao file à six nœuds dans une dizaine de nœuds de vent.
Une des occupations favorites en navigation

Le vent forcit en arrivant près des côtes Portoricaines, et nous faisons des pointes à dix nœuds! Grâce à ces bonnes conditions, nous mouillons dans la baie de Mayaguez au crépuscule, nous évitant de passer une nouvelle nuit en navigation. Nous pensions mettre trente-six heures et nous en avons finalement mis vingt-six pour faire cent cinquante miles!

Outre les bonnes conditions météo, nous avons aussi bien profité des conseils contenus dans un livre que Bertrand d’Ann’Julie (merci beaucoup!) m’a prêté avant que nous nous quittions. Cela fait plusieurs semaines que je potasse cet ouvrage un peu complexe pour moi. Il est écrit en anglais avec des termes techniques de marine et beaucoup de sens figurés qu’il n’est pas toujours aisé de comprendre, même avec la traduction littérale des mots. Grâce à sa lecture, j’ai beaucoup appris sur les bonnes méthodes pour traverser le canal de la Mona et, plus globalement, sur les principes qui régissent vents, vagues et courants.

Je redoutais un peu cette navigation potentiellement difficile pour notre équipage peu expérimenté mais La Mona nous aura finalement laissés passer plutôt facilement. Ce trajet est la première étape de notre route pour revenir vers la Martinique. Nous avons déjà commencé à préparer notre retour en métropole mais celui-ci devient plus concret à présent. Il nous reste cependant encore plus de deux mois de voyage et nous comptons bien en profiter jusqu’au bout!

Nous sommes abonnés aux dimanches à Mayaguez car nous devrons y rester jusqu’à lundi. En effet, les douanes sont fermées en ce samedi soir et n’ouvrirons que lundi matin. J’appelle tout de même le numéro des autorités pour être en règle et ne pas risquer une amende comme les québécois que nous avions rencontrés au départ de Puerto Rico. L’officier est charmant et discute volontiers, en plus des nombreux renseignements qu’il me demande sur le bateau et l’équipage. J’essaye quand même d’abréger car le numéro d’appel est gratuit pour les téléphones américains, mais pas pour ceux martiniquais. Il m’en coûtera une soixantaine d’euros pour un bon quart d’heure de communication!

Avant huit heures tout le monde dort sur Kakao!

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